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Mielmont : Beelgium plante 21 000 lavandes pour nourrir ses abeilles

Des apiculteurs ont planté 21000 plants de lavande au cœur du domaine du château de Mielmont (Jemeppe-sur-Sambre). Ils espèrent prolonger la période de production de miel jusqu’en août.

L’Avenir    Publié le 10-07-2022 à 17h00 –          Florent Marot

Matthieu et Pierre-Antoine sont à la tête d’une ferme qui compte un élevage de plus de 13 millions de bêtes. Elle s’appelle Beelgium et est spécialisée dans la production de miel et de pollen, l’élevage de reines et d’essaims d’abeilles. « Nous nous considérons comme des fermiers. Au final, nous pratiquons tant l’élevage que l’agriculture » sourit Pierre-Antoine Couvreur, apiculteur.

De culture, il en est justement question dans le cadre enchanteur du château de Mielmont, siège de la société apicole, à Jemeppe-sur-Sambre. En novembre, Beelgium a planté 21000 plants de lavande dans le domaine. « Personne ne pense à la cultiver. Tout le monde en a dans son jardin, cela pousse très bien chez nous, et pourtant on considère que c’est une culture réservée exclusivement à la Provence » constate l’apiculteur.

Les apiculteurs ne comptent pas rameuter les cigales, mais nourrir leurs abeilles. Pour la production de miel, la lavande est une aubaine. Elle fleurit en juillet, quand la saison des fleurs se termine pour la majorité des plantes sauvages et arbres. « En juillet, les abeilles ne produisent plus de miel, par manque de fleurs et donc de nectar. On espère prolonger la production de miel jusqu’en août grâce à la lavande. » Dans leurs plus belles années, les lavandes pourront nourrir dix ruches à l’hectare.

L’objectif poursuivi indirectement par Beelgium derrière cet investissement (10000 euros de plants) est de prouver la rentabilité de la culture provençale sur le sol belge. Et convaincre d’autres agriculteurs de se lancer dans l’aventure. « Si nous parvenons à les convaincre, nous pourrons amener nos ruches en transhumances sur leurs champs.Le climat change au fil des ans, c’est un fait, les opportunités de culture aussi. » En Belgique, la culture de la lavande est inexistante. Seul un champ persiste dans le Limbourg, davantage une attraction dédiée aux touristes et amateurs de décors provençaux.

Appréciée pour ces vertus médicinales et surtout odorifères en cosmétique, l’huile essentielle de lavande est la reine de sa catégorie. Et sa version locale pourrait remporter un certain succès. « La lavande a aussi la qualité de s’épanouir sur des sols rocailleux, inutilisables. De ce champ, par exemple, on a sorti des pierres qui ne rentraient pas dans une brouette. Et la lavande s’épanouit. » La durée de vie de ces jolies plantes mauves est de dix ans, avec un âge d’or dès son quatrième été.

Pour les apiculteurs de Beelgium, les changements climatiques doivent être une occasion à saisir. Pour butiner la lavande, bien sûr, mais aussi placer leurs ruches en bordures d’autres espèces à la floraison tardive. Comme le tournesol, qui fait petit à petit son trou, ou encore la phacélie. « Pour assurer une production suffisante, nous devons faire en sorte que nos ruches aient accès toute la saison au nectar et au pollen. » À Jemeppe-sur-Sambre, entre les tilleuls, la lavande et la phacélie, les abeilles s’épanouissent. Mielmont, un domaine qui porte bien son nom.

Quatre fois plus de miel en trois ans

Beelgium est sortie de la ruche en début d’année 2020. En trois étés, la société est passée d’une production de 3,5 à 15 tonnes de miel. Ce printemps a été exceptionnel pour la production de miel. « Nous dépendons de la météo, il nous faut de la lumière, de la chaleur et des sols gorgés d’eau. Cette année, c’est parfait. »

Leurs clients sont des particuliers, des boulangeries et des brasseurs. Ils sont une société assez unique en Belgique. Leurs 400 ruches sont disséminées en Wallonie et en Flandre. « En Flandre, les agriculteurs reçoivent des primes pour laisser pousser de la luzerne sur des grandes parcelles, comme 20 hectares, ce sont de véritables réserves naturelles. Pour nous c’est précieux. »

Selon Pierre-Antoine, l’abeille est devenue dépendante de l’homme. Pour cause, pas seulement le cocktail de pesticides environnant, mais plutôt un parasite, le varroa destructor. « Considérer un essaim d’abeilles comme un animal autonome le voue à sa perte » tranche l’apiculteur. D’où l’importance d’aider, protéger et nourrir les ruches, via les transhumances ou en cultivant à proximité ce dont elles raffolent. La lavande, la luzerne, des arbres, la phacélie, voire un menu varié de fleurs sauvages, par exemple.

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