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La véritable histoire du vignoble belge : une success story

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Beaucoup de légendes courent sur les origines et la naissance du vignoble belge ! On dit qu’il aurait été créé par les Romains ou encore, que c’est Napoléon qui aurait décidé de faire arracher toutes les vignes en Belgique pour ne pas concurrencer les vins français. La vérité historique est tout autre ! Du moins, c’est que Marc De Brouwer, auteur de plusieurs ouvrages sur la vinification, veut démontrer.

Avec son nouveau livre : “La Belgique, pays de vins, vignes et vignobles, d’hier et d’aujourd’hui “il entend bien rétablir cette vérité et corriger les erreurs du passé. A commencer par celle qui veut que ce seraient les Romains qui auraient introduit la vigne chez nous. “Le climat était trop rigoureux et Les Nerviens, selon César lui-même ne toléraient pas le vin de peur qu’il “n’énervât leur vigueur “ !

La faute aux moines

“Les premières vraies preuves de l’existence d’une activité viticole chez nous remontent au 9e siècle avec la naissance et le développement des abbayes sur notre territoire. En particulier à Gand en 815, à Huy et à Liège en 830. Les moines produisent du vin pour l’eucharistie mais aussi comme boisson distribuée aux malades et aux voyageurs.”

Il faut dire qu’à l’époque, l’eau n’était ni saine, ni hygiénique. Mais le vin reste une boisson surtout réservée à l’aristocratie et aux riches. Il faut attendre le 15e siècle pour découvrir des documents qui parlent de vrais vignobles comme celui par exemple de l’Abbaye de Villers-La-Ville.

Marc De Brouwer : “C’est l’âge d’or de la viticulture en Belgique ! La vigne se plante partout. Les historiens locaux ont relevé près de 500 villages où des vignobles ont existé. Mais cette période n’a pas duré longtemps. Au 16e siècle, on a assisté à un refroidissement du climat. Ce qu’on a appelé le petit âge glaciaire empêche l’épanouissement de la vigne qui est peu à peu remplacée par les céréales qui permettent de produire de la bière qui devient alors la première boisson belge par excellence.”

Jusqu’au 20e siècle, on ne cultive plus la vigne que sur les bords de Meuse. Mais là encore, l’industrialisation va avoir raison des derniers vignobles.

La renaissance !

Marc de Brouwer a passé de nombreuses heures à consulter toutes les archives accessibles sur la vigne et a rencontré presque tous les acteurs de la renaissance de la vigne chez nous. Les pionniers s’appellent alors Jan Belelfroid et Charles Legot et le premier “nouveau”. Dans les années 1990, les premiers grands vignobles sont plantés en Flandre pour produire du mousseux consommé quasi exclusivement sur place.

En Wallonie, le Clos des Agaises (qui va produire le fameux Ruffus) est créé en 2002. D’autres domaines apparaissent alors avec des orientations très différentes, les uns choisissant les cépages français classiques : chardonnay, pinot noir ou pinot blanc, les autres optant pour des cépages dits “résistants ou interspécifiques” issus de croisement avec des cépages allemands ou suisses et réputés mieux adaptés à notre climat.

Vive le réchauffement climatique

Depuis ces années 60, le vignoble belge et surtout wallon ne cesse de grandir et aujourd’hui, on compte pas moins de 300 parcelles en Wallonie, la plus grande étant le Chant d’Eole, près de Mons, qui atteint désormais 52 ha.

Et tout cela en quelques années à peine, grâce au réchauffement climatique qui permit l’épanouissement de la vigne en Belgique.

Qui peut désormais être fière de la qualité de ses vins “estime Marc De Brouwer : “Il y a beaucoup de bons vins et des vins différents. Avec une certaine tendance vers les vins effervescents qui représentent plus de 80% de la production viticole. Les Belges aiment beaucoup les bulles”

De plus en plus d’agriculteurs et de fruiticulteurs se reconvertissent en voyant que la vigne, ça marche ! Et l’offre ne suffit pas à satisfaire la demande. D’autant que la qualité ne cesse de s’améliorer avec une professionnalisation des métiers de la viticulture. Et la belle histoire n’est pas près de s’arrêter.

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