Cinq arbustes à planter pour un jardin fleuri en hiver
Comment peut-on encore parler de morte-saison ? Non seulement un jardin peut conserver de beaux volumes grâce à la diversité des feuillages persistants déclinant des verts pouvant être panachés de blanc ou de jaune, mais des arbustes peuvent aussi offrir leurs corolles parfumées au cœur de l’hiver.
Au nord d’Anvers, l’Arboretum de Kalmthout est une destination privilégiée pour tous ceux qui souhaitent accroître leur connaissance des arbres et arbustes. Semaine après semaine, ce domaine de 13,5 ha, remarquablement entretenu, change de visage avec une continuelle succession des feuillages et floraisons. Dès la première semaine de janvier, le spectacle est de toute beauté avec les corolles des hamamélis (Hamamelis x intermedia).
Grâce à la passion de ses créateurs, Jelena et Robert De Belder, l’arboretum de Kalmthout a joué, dès les années 1960, un grand rôle dans la diffusion de ces arbustes originaires de Chine et du Japon. Ils se déclinent maintenant sous des dizaines de cultivars aux multiples couleurs. La fête des hamamélis organisée chaque année à Kalmthout permet de découvrir la plus importante collection en Europe où s’élèvent les sujets historiques. Ils ont formé au fil des décennies de larges ramures.
Arbuste 1 : la magie des hamamélis
Des hamamélis sont maintenant disponibles dans toutes les bonnes jardineries. A partir du début du mois de janvier, déjà fin décembre si les températures hivernales sont douces, composées de fins pétales en rubans, jaunes, orange, cuivre ou rouges, les fleurs ne peuvent que répondre au désir des jardiniers de garder un contact étroit avec leur lopin, même au cœur de l’hiver. Le seul terrain qui ne convient pas à l’hamamélis : une terre calcaire qui sèche rapidement. Dans les lourds sols argileux, l’arbuste est planté sur une petite butte, afin d’assurer le drainage de l’excès d’eau hivernale qui peut faire pourrir les racines. Une couche de matière organique en surface maintient l’humidité dans le sol pendant les périodes de fortes chaleurs. L’hamamélis est en effet sensible à la sécheresse estivale qui affecte vite le feuillage et met en péril la viabilité des boutons floraux pour l’année suivante. Un bon choix ? L’Hamamelis x intermedia ‘Pallida’ à la floraison jaune vif abondante offre un parfum citronné puissant dès que la température est agréable.
Si du gel survient, l’hamamélis rétracte ses longs pétales en rubans, afin de moins les exposer au froid. © Luc Noël
Arbuste 2 : un parfum de miel
Un arbuste mérite de prendre place près de la maison. Son nom fait sourire les enfants : Sarcococca hookeriana var. humilis. Ce cousin du buis nous vient des sous-bois asiatiques où il ne dépasse guère un petit mètre de haut. En décembre, débute la floraison qui se poursuit jusqu’en février-mars sur les fins rameaux au feuillage luisant. Les petites fleurs blanches dissimulées parmi les feuilles sont extrêmement parfumées. Il est impossible de se promener en hiver dans un jardin où se trouve un sarcococca sans percevoir sa présence. Après la floraison apparaît une abondance de petits fruits foncés, présents sur tous les arbustes, car ils portent à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles.
Hyperfacile de culture, la sarcococca peut border les allées à l’ombre des arbres ou s’associer aux hellébores et perce-neige dans un parterre de sous-bois, avant que ne se développent les fougères et les hostas. © Luc Noël
Arbuste 3 : des inflorescences en forme de pomme de douche
Un arbuste au nom latin presque imprononçable nous offre dès le mois de janvier une floraison de toute beauté. L’Edgeworthia chrysantha forme des bouquets larges de 5 cm épanouissant de petites fleurs. Couvertes d’un fin duvet soyeux blanc à l’extérieur, elles sont jaunes à l’intérieur. L’arbuste atteint à l’âge adulte 1 à 2 m de haut pour une largeur de 2 m. Il densifie au fil des ans ses longues feuilles ovales vert pâle.
Les boutons floraux formés avant l’hiver sont sensibles au gel. Si l’arbuste ne craint pas les températures négatives, il risque de ne guère fleurir s’il subit des conditions hivernales sévères. Pour une floraison parfaite, des jardiniers préfèrent cultiver l’Edgeworthia dans un endroit bien abrité.
Une expérience à tenter : les tiges de l’Edgeworthia sont si souples qu’il est possible d’y faire un nœud. Quand les Chinois nouent une branche, ils font un vœu. © Getty Images
Arbuste 4 : un chèvrefeuille ami des abeilles
Sa floraison hivernale vous surprend dans un jardin endormi. Le chèvrefeuille d’hiver (Lonicera fragrantissima) qui conserve une grande part de ses feuilles épanouit progressivement ses boutons floraux dès le mois de janvier. Les délicates fleurs blanches cristallines qui attirent les premiers vols courageux des abeilles sont délicatement parfumées. Ce chèvrefeuille qui ne grimpe pas est peu exigeant quant au sol où il est planté. Il redoute seulement les terres argileuses gorgées d’eau en hiver. En isolé, il forme un buisson de 2,5 m, mais il peut aussi prendre place dans une haie libre. Le mieux est de l’installer près d’un lieu de passage pour profiter souvent de son parfum.
Pour conserver une floraison abondante du Lonicera fragrantissima, les troncs les plus anciens de l’arbuste peuvent être recépés lorsque les dernières fleurs sont fanées. De nouvelles tiges vigoureuses vont se former depuis la base. © Getty Images
Arbuste 5 : le chimonanthe précoce
Il faut l’admirer à contre-jour quand le soleil bas de l’hiver l’illumine. Ses corolles jaunes au cœur pourpre luisent alors dans la lumière. Originaire des flancs montagneux de Chine et de Corée, le chimonanthe précoce (Chimonanthus praecox) ne craint pas le froid. Cet arbuste aux tiges raides qui peut atteindre 2-3 m de haut, à la culture aisée, est lui aussi un champion de la précocité. La floraison hivernale enrichit la palette des parfums avec des nuances qui rappellent la jacinthe des fleuristes. Les grandes feuilles ovales se colorent de jaune en automne.
Un rameau de chimonanthe en boutons peut être coupé pour être placé dans un vase à l’intérieur de la maison. Les fleurs qui s’épanouissent dans la chaleur de nos intérieurs offrent leur parfum durant plusieurs jours. © Luc Noël
L’arboretum de Kalmthout, au nord d’Anvers, est ouvert tous les jours, de 10 à 17 heures.
© Luc Noël