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Déclic – Le Tournant- agriculture

14 février 2024

Chaque semaine, Déclic – Le Tournant questionne les grandes bascules auxquelles notre monde est confronté. Urgence écologique, transition énergétique, réchauffement climatique, boom de l’Intelligence artificielle, nouveau rapport au travail, bouleversements géopolitiques…

Auvio

https://auvio.rtbf.be/emission/declic-le-tournant-23265

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Et si le modèle économique de notre agriculture était fondamentalement à revoir ? Cette semaine Arnaud Ruyssen nous propose la suite de notre exploration de la crise agricole dans « Le Tournant ».

Il est allé à La Ferme de la Préale à Hamois (pas très loin de Ciney) où l’on pratique du maraichage sur sol vivant. Originalité : cette ferme est gérée par Olivier Lefebvre, ancien patron de la bourse de Bruxelles… qui a changé de vie et nous livre dans le PODCAST une analyse sans concession du modèle économique de l’agriculture conventionnelle.

Résumé en 3 points.

1. Dans les années 50 nous avons voulu appliquer à l’agriculture, le modèle de l’industrie, en développant de grandes exploitations intensives, avec de la monoculture, des produits chimiques…etc. Ce faisant « on est en train d’éroder progressivement le capital productif de l’agriculture, en épuisant la vie des sols » nous dit Olivier Lefèbvre qui ajoute : « transformer un capital en un flux de revenu, c’est hérétique d’un point de vue économique. En première leçon de management on vous apprend qu’on ne fait pas ça, sinon ça conduit à la faillite ».

2. Outre cet aspect d’épuisement du capital productif, cette agriculture pèse très lourd sur son environnement : pollution des sols, des nappes phréatiques, effondrement de la biodiversité. « Un exemple, aujourd’hui, la Hesbaye dont on nous a toujours appris que c’était une terre extrêmement fertile a perdu 70% de son taux d’Humus. »

3. Dans ce modèle agricole, les agriculteurs sont coincés entre des géants, incommensurablement plus grand qu’eux. D’un côté leurs fournisseurs d’intrants, de semences… (qui sont souvent des géants mondiaux). Et, de l’autre côté, l’industrie agro-alimentaire qui achète leurs produits. Ce qui fait que les agriculteurs et agricultrices ne peuvent pas fixer leurs prix, ils les subissent. Si on regarde la situation sur 40 ans : Les prix auxquels les agriculteurs peuvent vendre leurs produits ont augmenté de 0,8% par an, là où les intrants qu’ils achètent ont, eux, augmentés de 3% par an. « On voit donc bien ce phénomène d’écrasement progressif de la marge du producteur et c’est intenable ».

On a donc un système, selon Olivier Lefebvre, qui consomme son capital et épuise les producteurs.

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